Principales conclusions du RIBA Spring Economics Webinar
Construction neuve ou transformation ? Impact sur la rentabilité
Les projets de construction neuve ne sont plus la norme unique pour les architectes en Europe. La rénovation et la transformation représentent désormais une part tout aussi importante des commandes – et cela influence tout autant le plan économique que la démarche design.
Dans cet article, nous explorons les données du secteur et examinons comment les différents types de projets impactent la rentabilité des agences d’architecture en Europe.
L’architecture n’est pas qu’une question de marges
Avant de plonger dans les chiffres et les tendances, rappelons une chose : l’architecture, ce n’est pas uniquement des marges. Il s’agit de forme, de fonction, de responsabilité et d’identité. Cependant, les finances définissent le cadre de tout cela.
C’est pour cette raison qu’il est précieux de comprendre comment différents types de projets – qu’il s’agisse de logements, de rénovations ou de bâtiments publics – peuvent influencer la capacité à exercer de manière rentable.
Le marché européen de l’architecture : petits cabinets, grande responsabilité
Secteur en pleine expansion, l’architecture européenne devrait atteindre un chiffre d’affaires d’environ 26 milliards d’euros en 2024 – soit une progression de 24 % par rapport à 2020 (source : ACE Sector Study 2024). Le nombre d’architectes atteint désormais 580 000, mais le secteur reste fragmenté : 71 % des structures sont des cabinets indépendants, et 25 % comptent 2 à 5 collaborateurs seulement.
On compte davantage d’architectes en Italie, en Allemagne et en Espagne, mais les traditions architecturales, les réglementations et le rôle de l’architecte varient considérablement selon les pays.
L’Italie regroupe à elle seule environ 152 000 architectes, l’Allemagne environ 118 000, suivies de l’Espagne (~48 000), du Royaume-Uni (~43 000) et de la France (~30 000). Ces cinq pays regroupent près de 70 % des architectes européens.
Les logements dominent – mais sont-ils les plus rentables ?
Les projets de logements privés représentent le type de mission le plus fréquent pour les architectes européens. Environ 89 % d’entre eux travaillent sur des logements, souvent responsables de 56 % du chiffre d’affaires moyen (source : ACE Sector Study 2022).
Ces projets assurent un volume constant de commandes, mais ne sont pas forcément les plus rentables. Ils sont souvent petits, avec des budgets serrés et une forte concurrence. Ils conviennent toutefois bien aux petites structures qui assurent une gestion efficace et une proximité client.
Les cabinets plus importants misent sur la diversification : en combinant logements, projets commerciaux, bâtiments publics et commandes spécialisées, ils développent un modèle économique plus soutenable.
Les 44 % restants du chiffre d’affaires moyen proviennent des bâtiments publics, des projets commerciaux et des travaux de rénovation.
Rénovation et transformation : une tendance croissante
Le marché européen manifeste clairement une transformation vers la rénovation et la transformation du bâti existant, poussée entre autres par les exigences climatiques.
Selon l’étude ACE de 2024, 49 % des projets actuels concernent la rénovation, contre 40 % de constructions neuves, et 11 % de projets patrimoniaux. Le signal est limpide : intervenir sur le bâti existant devient la nouvelle norme.
Les politiques européennes, comme le Green Deal ou le New European Bauhaus, poussent les investissements dans le parc existant – ouvrant ainsi de nouvelles opportunités professionnelles et économiques.
Les projets de transformation sont souvent plus complexes et consultants intensifs, ce qui augmente les heures facturables. Ils exigent toutefois une excellente maîtrise des processus et une expertise solide pour éviter les pièges.
Saviez-vous que de nombreux cabinets d’architecture utilisent Milient Project Flow pour suivre leurs marges et les heures travaillées sur ces types de projets ? Cet outil offre un contrôle précis et une meilleure visibilité – pour mener à bien les projets les plus complexes en toute sérénité. Essayez une démonstration interactive.
Les bâtiments publics – stables mais complexes
Les projets publics et institutionnels sont souvent perçus comme prestigieux et fiables. Si cela est parfois vrai, la concurrence est rude et les processus, longs et rigoureux – notamment lors des appels d’offres.
Pour les cabinets qui disposent des ressources, de l’expérience et d’une solide réputation, ces projets peuvent constituer une stratégie pertinente sur le long terme. Ils offrent stabilité et visibilité – et compensent souvent les sollicitations plus instables.
Pression sur la rentabilité : marges fines, coûts élevés
La croissance du marché ne se traduit pas forcément par une meilleure rentabilité. Au Royaume-Uni, le RIBA Benchmarking Report 2023 révèle une baisse des marges malgré l’augmentation du chiffre d’affaires. La marge opérationnelle moyenne est d’environ 7 %, avec les salaires occupant souvent plus de la moitié des dépenses.
Le même constat s’applique aux pays nordiques. En Norvège, approximativement 30 % des cabinets affiliés à l’association nationale ont terminé en déficit en 2022. En 2024, seuls 18 % ont signalé une augmentation de leur chiffre d'affaires sur les six derniers mois (source : Arkitektbedriftene).
En Suède, marché mature et structuré, la situation est tout aussi préoccupante. Une enquête menée par Sveriges Arkitekter indique que 39 % des cabinets ont vu leur rentabilité décliner en 2024, et 43 % anticipent une nouvelle baisse – signe d’un recul notable par rapport à 2022.
Le constat est clair : beaucoup de travail, mais des résultats financiers de moins en moins satisfaisants.
Les petits cabinets sont-ils plus rentables ?
Plusieurs analyses suggèrent que les petits cabinets affichent souvent des marges en pourcentage plus élevées. Cela s’explique par des coûts fixes réduits et une flexibilité supérieure. Un cabinet individuel, basé à domicile, peut mieux contrôler ses heures et ses dépenses – et atteindre une rentabilité plus saine.
Les structures plus importantes, en revanche, doivent gérer plus d'administration, des salaires élevés et des coûts de fonctionnement plus lourds. Leur chiffre d'affaires est généralement supérieur, mais les marges restent plus difficiles à préserver. En contrepartie, ces cabinets sont mieux équipés pour décrocher des projets complexes et volumineux, propices à la croissance.
La durabilité : une opportunité économique ?
« Le bâtiment le plus durable est celui qu’on ne détruit pas », dit-on. C’est vrai, et ce pour des raisons professionnelles comme politiques. De plus en plus de donneurs d’ordre demandent des compétences durables documentées – l’expertise en réemploi, solutions circulaires ou modélisation énergétique devient une valeur ajoutée.
Mais cela demande davantage d’effort. Les projets écologiques sont souvent plus complexes à concevoir, et la plus-value liée à cette complexité n’est pas toujours facile à facturer. Néanmoins, pour les cabinets visionnaires, la durabilité devient plus qu’un idéal – c’est un investissement stratégique.
Points clés à retenir
Il n’existe pas de réponse unique sur le type de projet le plus rentable, mais plusieurs tendances se dégagent:
- Les logements offrent un volume constant, mais nécessitent des processus efficaces pour générer des bénéfices.
- La rénovation et la transformation progressent – et peuvent être rentables si elles sont bien gérées.
- Les projets publics apportent stabilité, mais demandent patience et moyens.
- Les petits cabinets peuvent surpasser les plus gros – s’ils restent bien structurés.
- La durabilité est à la fois un atout et une opportunité économique.
La réalité économique varie selon le pays et le segment. Mais en analysant la composition des revenus, le niveau de risque et la pression sur les marges, on peut identifier les types de projets réellement porteurs de rentabilité – si les conditions sont réunies.
La viabilité financière est essentielle pour assurer la qualité architecturale, la résilience et une culture de travail saine. En choisissant des projets avec cœur et raison – et en s’appuyant sur les données sectorielles comme votre propre expérience – les agences d’architecture peuvent rester solides en période difficile.
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